Le vin et la guerre by Christophe Lucand

Le vin et la guerre by Christophe Lucand

Auteur:Christophe Lucand
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2017-11-15T00:00:00+00:00


EN CHAMPAGNE, L’EFFERVESCENCE D’UN COMMERCE PROSPÈRE

Entièrement mis en orbite par les acheteurs du Reich, Klaebisch et Barth, le vignoble de Champagne est fermement arrimé au système d’achat nazi par l’intermédiaire du Comité interprofessionnel. Chaque semaine à Reims, les mercredis ou jeudis, le bureau de la Commission d’achat est réuni sous l’autorité d’Otto Klaebisch dans les locaux de la Verteilungsstelle. Lors de ces séances, où l’on retrouve Robert de Voguë, M. Fourmon, M. Sabbe et M. Ducellier, sont abordés les principaux sujets touchant aux contingents, aux prix, à l’attribution des matières premières, aux autorisations de circuler. Provisoirement, les conflits d’intérêts opposant les négociants, les récoltants-manipulants et les récoltants sont étouffés dans un climat marqué par les difficultés d’approvisionnement en matières premières qui, grâce au rôle actif du Comité interprofessionnel, n’ont jamais été « fatales à l’industrie du champagne ».

Depuis 1940, la production moyenne de champagne n’est d’ailleurs jamais diminuée par la raréfaction des engrais et des produits d’entretien de la vigne. Le sulfate de cuivre et le soufre sont toujours fournis en quantité suffisante par l’occupant. Expédiés sur les ordres de Klaebisch, par camions de la Wehrmacht, pour le Comité interprofessionnel des vins de Champagne, les produits sont distribués selon des clefs de répartition définies entre les autorités allemandes et les professionnels du commerce champenois.

Le sucre, dont le rôle est essentiel dans la préparation du vin, est également toujours livré en quantités satisfaisantes pour les besoins des négociants. On compte en principe 50 grammes de sucre par litre. Le sucre de canne est exclusivement fourni par l’occupant qui adresse le contingent nécessaire par trains spéciaux à Épernay, pour le Comité interprofessionnel des vins de Champagne, à l’attention de Maurice Doyard, délégué général du Comité interprofessionnel pour la viticulture. Dans le vignoble, peu d’établissements de commerce souffrent de manque de sucre pour la fabrication de leurs champagnes. Durant toute la période de l’Occupation, les maisons champenoises stockent des dizaines de tonnes de sucre, comme c’est le cas de la maison Piper-Heidsieck qui a ainsi reçu plus de 100 tonnes de sucre en quatre ans, dont la moitié provient d’Allemagne à partir d’approvisionnements prélevés en France puis revendus avec une marge commerciale par des firmes du Reich. La majeure partie des volumes livrés est composée de sucre de betterave, utilisé pour les champagnes destinés à la Wehrmacht, tandis que la plupart des maisons réservent leurs stocks de sucre de canne pour la fabrication du contingent civil et le maintien de leurs stocks de réserve.

L’industrie du champagne est surtout gênée par l’absence de bouteilles et le vieillissement de la futaille. La crise des bouteilles est due, d’une part à la faible production des verreries par manque de charbon, d’autre part à l’enlèvement du contingent allemand en retour duquel les autorités d’occupation ne peuvent fournir que très peu de bouteilles. Le déficit ici est de l’ordre de 20 millions de bouteilles en quatre années. C’est dans ces conditions qu’est lancée la campagne des « trois pour un ». C’est la possibilité pour chacun d’acheter une bouteille de champagne contre remise de trois bouteilles vides.



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